L’industrie voit son avenir dans la transition écologique !

Vous présidez le Comité stratégique de la filière des « Industries pour la Construction ». Pouvez-vous nous indiquer les ambitions et les volontés qui ont présidé à la création de ce Comité stratégique ?

Le Comité de filière « Industries pour la Construction » (CSF « IPC ») est une nouvelle filière qui a un plus d’un an et demi d’existence, et s’est inscrite dans la refonte du Conseil National de l’Industrie engagée par les pouvoirs publics. Ce qui a motivé la création du CSF « IPC » repose sur la volonté d’accompagner les grandes mutations de notre secteur car les transitions écologiques, environnementales, et numériques vont avoir des impacts durables sur l’ensemble de la chaîne des acteurs de la construction, et la crise actuelle nous montre combien la résilience de nos industries et de nos filières est cruciale.

La crise de la COVID-19 touche tous les pays, mais a des impacts différents sur les différentes filières industrielles. Quels sont les impacts économiques et sociaux sur votre filière à ce jour, et quels impacts sont à craindre dans l’année à venir ?

La période que nous avons vécue est historique avec un effondrement quasiment total de l’activité industrielle et commerciale durant la période de confinement, et nous comptons sur[paywall] une reprise soutenue grâce à la transition écologique, notamment par une politique de long terme en faveur de la rénovation énergétique et de la décarbonation de l’économie.
Nous comptons sur une reprise soutenue grâce à la transition écologique, par une politique de long terme en faveur de la rénovation énergétique et de la décarbonation de l’économie.

Le gouvernement français et l’Union européenne ont œuvré pour mettre en place un plan de relance massif. 1 000 milliards d’euros sont prévus en Europe et 100 milliards d’euros en France. Quels seraient les besoins de la filière ?

Le CSF IPC a travaillé au sein du Conseil National de l’Industrie durant la phase de confinement pour identifier les axes et les mesures de soutien au regard du triptyque reprise/relance/résilience de notre économie. La rénovation énergétique des logements a été très vite identifiée comme l’action forte pour faire redémarrer l’ensemble des « filières » et, en parallèle, le CSF IPC a proposé toute une série d’autres mesures en vue de mobiliser l’épargne privée et concourir à la relance de la construction neuve en faveur du logement, des centres-villes, des infrastructures et des équipements. Il est important que l’épargne privée puisse être mobilisée aux côtés des efforts consentis respectivement par l’Etat français et l’Union européenne.

Les axes du plan gouvernemental concernent la transition écologique, la compétitivité, et le soutien aux compétences et à l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Sur quels axes souhaitez-vous le soutien à la filière ?

La formation, les compétences et l’emploi des jeunes sont des enjeux essentiels, car la relance sous l’angle « rénovation énergétique des logements » va nécessiter une mobilisation forte. Ce sera aussi l’occasion de former toute une génération aux nouvelles technologies car notre filière a investi ces dernières années dans la numérisation, et c’est un défi pour la productivité et l’attractivité de notre secteur.
La formation, les compétences et l’emploi des jeunes sont des enjeux essentiels, et un défi pour la productivité et l’attractivité de notre secteur.

Ce soutien ne devrait-il pas se mettre en œuvre sur des axes stratégiques des filières, et notamment autour des questions posées par vos thèmes stratégiques ?

Le plan de relance a été co-construit avec les filières stratégiques, notamment celles les plus durement impactées – même si, depuis quelques semaines, la filière semble avoir retrouvé un niveau d’activité proche de la normale, c’est principalement un effet de rattrapage momentané. Il faut que la relance « verte » soit pérennisée dans la durée, ainsi que le soutien de l’Etat, car la réussite passera par des investissements humains et matériels, ce qui nécessite de la visibilité sur la prochaine décennie.
La réussite passera par des investissements humains et matériels, ce qui nécessite de la visibilité sur la prochaine décennie.

La crise ne serait-elle pas le moyen d’accélérer la mise en œuvre des projets structurants que la filière veut développer ?

Les projets structurants du CSF IPC ont été conçus afin de répondre aux exigences de la numérisation de la construction, du retour de la souveraineté économique, de la massification de la rénovation énergétique, et de la transformation des métiers et de la promotion à l’export de nos technologies de gestion urbaine. Ces projets sont d’autant plus d’actualité qu’ils viennent décarboner et rendre plus résilientes nos différentes filières.

Les soutiens aux filières doivent prendre en compte les fragilités immédiates des entreprises mais aussi les intérêts plus lointains. Ils vont sans doute se dérouler au niveau des régions. Comment souhaitez-vous qu’ils se déroulent ? Qu’en est-il concrètement ?

Concernant le CSF IPC, les projets structurants sont définis, partagés et menés de front entre les acteurs nationaux et régionaux ; et pour cela, le Pôle de compétitivité Fibres-Energivie est notre miroir en régions, et la région Grand Est participe au nom et pour le compte des Régions de France au bureau exécutif du CSF IPC, que je préside aux côtés de nos partenaires, Etat, Fédérations, maires de France, universités de France, entreprises, sociétés d’ingénierie et industriels.

N’y a-t-il pas intérêt qu’il s’organise au plus près du terrain, en associant les entreprises et les territoires, autour de projets stratégiques locaux discutés en commun ?

C’est exactement notre souhait et l’impulsion donnée. Pour certains projets, l’ambition est de s’inscrire dans une logique de démonstrateur.

Selon vous, comment articuler les besoins immédiats de soutien de l’activité des entreprises et les besoins à plus long terme de relance autour d’axes stratégiques discuté en amont ? Faut-il mettre en place des conditions locales (formations, moyens ad hoc de financement…) pour assurer cette relance ? Faut-il fixer des garanties pour un soutien stratégique ?

Le plus simple est d’avoir une action dans la durée (une décennie), dès lors que les projets stratégiques de Filières sont largement partagés par l’ensemble des parties prenantes, et répondent à des besoins sociétaux qualifiés. De plus, la création du Haut-Commissariat au Plan s’inscrit bien dans une perspective du temps « long », dans un souci également d’avoir une réflexion stratégique sur les filières à l’horizon de 2030.

Propos recueillis par Didier Raciné

Rédacteur en chef d’Alters Média

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